À tort ou à raison, j’évite en général de lire les textes qui accompagnent les livres de photographies, la plupart hélas sont d’intérêt limité et n’apportent guère d’éléments utiles à la compréhension du travail présenté, à quelques exceptions près toutefois. Cette proposition, dont je ne sous-estime pas le caractère excessif ou du moins présomptueux, n’engage que moi. Pourtant, à l’image du « Je hais les voyages et les explorateurs » de Tristes tropiques, je vais tout de même écrire quelques mots sur la succession de clichés rassemblés ici.
Une part importante de la présente sélection figurait dans le premier site ouvert en 2008 ou 2009 sous le titre déjà de Lentilles argentiques délibérément choisi pour se réclamer de la tradition de photographie sur émulsion photographique à un moment où celle-ci était balayée par la technique numérique. Rien n’a changé depuis et la totalité des clichés ci-après est issue de boîtiers argentiques au format 24 x 36. De la même façon, le texte choisi à l’époque pour me présenter, emprunté à Jean Tardieu dans sa préface à Formeries (Éd. Gallimard, Paris, 1976), garde sa raison d’être : « Pour ce recueil en apparence composite où les mêmes obsessions se font jour et où la hantise formelle est partout présente, je n’ai pas su trouver de meilleur titre que celui de Formeries. Ce pluriel est inventé, mais le mot au singulier existe. C’est le nom d’un village sur les « hauts » de l’Oise normande. Les traits principaux de ce pays sont […] la nudité des lignes et la rigueur du climat : tout ce qu’il faut pour chercher quelque chose qui soit en même temps ici et ailleurs ». Formerie en Oise normande faisait écho à mon pseudonyme de l’époque, Senantes, choisi en pensant à la commune éponyme située dans le « bas » de cette région, en pays de Bray dont les traits sont toutefois moins rudes. Nulle hantise ni obsession de mon côté, c’est plutôt l’apparence composite, ici et ailleurs, qui est susceptible de s’appliquer à ma démarche.
La présentation retenue est inévitablement pour partie tributaire de la structure « prêt-à-porter » du site, je souhaite néanmoins que celle-ci permette d’accéder aux clichés sans trop de difficultés. Plusieurs rubriques s’efforcent d’apporter un peu d’ordre à ce qui pourrait passer pour une simple compilation, mais peut-être ne s’agit-il en fin de compte que d’une accumulation brouillonne : il m’est impossible d’avoir un avis personnel sur tout cela et je préfère laisser la tâche de juger à qui prendra la peine de se pencher sur ce qui suit. Les rubriques, aux titres assez vagues, sont les suivantes :
Dedans
Dehors
Personne(s)
Venise jour
Venise nuit
Couleurs de Venise
Ailleurs
Lignes
Autoportraits
Inscriptions et Belles-Lettres
Écorces et peintures écaillées
Je vous souhaite une bonne visite.
Michel GOOSSENS photographie depuis 1963. Parisien jusqu’en 1978, il vit depuis à proximité de Grenoble.
Photographies exclusivement argentiques, numérisation de faible définition, non retravaillée. L’existence des négatifs, propriété de l’auteur, vient rappeler, si besoin était, que ces clichés ne sont pas libres de droits ainsi que le rappelle de façon certes très symbolique l’inscription figurant sur chacun d’entre eux.